Julien Dutel, Volsung, Matt Mercer ou encore FibreTigre : autant de MJ qui ont contribué à populariser le JdR. Ils sont exceptionnels et leur maîtrise (propre à chacun) inspire beaucoup de rôlistes et de MJ. Pour nos amis, nous souhaitons être bons et leur offrir une expérience similaire. Avez-vous entendu parler de l’effet Matt Mercer ? C’est une attente excessive des rôlistes à ce que les parties de JdR soient comme celles de Critical Role (ou de Rôle’N Play) avec beaucoup de jeu d’acteur et d’effet vocaux.
Alors nous voilà devenus des papillons à aller d’articles en master class pour chercher à s’améliorer. Et plus on s’intéresse, plus le travail à faire semble titanesque. Et d’une lecture à l’autre, nous allons dans toutes les directions et au final avancer au même rythme qu’une chenille.
Un MJ est plus qu’un acteur
Cependant, le jeu d’acteur occulte les autres facettes du rôle de MJ. Pour pouvoir se concentrer sur la prestation de jeu d’acteur, il nous faut avoir assimilé, et automatisé, bien des aspects de la maîtrise de MJ : connaître les règles, préparer son improvisation, rythmer la séance de jeu, incorporer l’univers de jeu… Autant de compétences invisibles « à l’écran » qui sont nécessaires pour la tranquillité d’esprit.
Le JdR reste un loisir et à ce titre, nous avons du mal à imaginer qu’il faudra travailler pour s’améliorer. Il est bien plus facile de penser que lire un article, préparer son scénario et l’animer est suffisant et qu’à force de pratique nous nous améliorerons. Pourtant, si nous regardons des loisirs connexes (comme le théâtre ou les échecs, dans l’aspect tactique), il y a bien des séances d’entraînement où on s’attarde sur un aspect bien particulier. Cela semble évident mais le faisons-nous pour le JdR ? Le faisons-nous avec méthode ?
Une carrière de MJ
Pour s’améliorer, je pense qu’il est important de savoir ce qu’on peut améliorer et donc d’avoir une vision globale du rôle de MJ. Car, oui, le MJ a plusieurs rôles : on peut le constater en regardant les rubriques de PTGPTB (création d’univers, relation MJ-Joueur, outils de maîtrise) ou encore un compulsant la table des matières de Mener des parties de JdR ou de la Boîte à outils du MJ chez les Lapins Marteaux
Voici donc quelques rôles que le MJ doit remplir :
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Conteur : il décrit, interprète les PNJ, donne des infos sur l’univers, divertit ;
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Organisateur : il crée les aides de jeu, les PNJ, veille au rythme du scénario, enseigne les règles ;
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Arbitre : il détermine le moment où appliquer les mécaniques de résolution, appliquer le système de jeu, instaure un contrat social, accompagne les évolutions de personnages selon le système d’expérience.
Autant de rôles différents qui incombent au MJ. Être bon partout demande des efforts et les monter toutes en même temps est impossible : les JdR nous enseignent que même les systèmes d’XP les plus souples ne permettent pas de tout monter d’un coup. Il est évident (et il est important de le souligner) que monter ses aptitudes une par une est plus efficace et plus pertinent. Mais lesquelles d’abord ?
Montée de niveau
Le plus simple pour progresser est de savoir d’où l’on part : s’inspirer de l’article de Phil Vecchione est une bonne idée ; faire un état des lieux de vos capacités (de au top à mou du genou en passant par suffisant) selon les critères suivants :
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Préparation : Est-ce que vous préparez bien vos sessions ? Est-ce que vous vous précipitez à la dernière minute ? Vous arrive-t-il de ne pas être prêt pour une partie ? Avez-vous des notes et/ou des documents supplémentaires à portée de main ?
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Qualité du scénario : vos intrigues sont-elles entraînantes et divertissantes ? Ou suivez-vous une trame linéaire parsemée d’intrigues prévisibles, qui ennuient vos joueurs et vos joueuses ?
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Personnages non-joueurs : vos PNJ sont-ils vivants et intéressants ? Leur voix et gestuelle sont-elles personnalisées ou sont-elles monotones au point de ne pas pouvoir les distinguer ?
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Narration : êtes-vous un de ces MJ dont les joueurs boivent les paroles ? Faites-vous varier le rythme et le ton de votre voix en racontant l’histoire, ou lisez-vous les passages descriptifs avec autant d’entrain que si vous lisiez un code fiscal ?
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Connaissances des mécanismes de jeu : connaissez-vous toutes les règles importantes ? Savez-vous les utiliser pour stimuler les joueurs et joueuses ou avez-vous toujours le nez plongé dans les règles, oubliant les plus élémentaires ?
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Qualité de meneur : Menez-vous votre groupe ou est-ce votre groupe qui vous mène ? Qui est aux commandes à votre table ? Y a-t-il du bavardage intempestif ? Des personnes lisent-elles d’autres JdR en jouant au vôtre ?
Faites le point sur votre ressenti et sur le ressenti de vos joueurs. A priori, les joueurs ne vous mettront pas ou très peu de niveaux faible parce que ce sont vos amis (alors que vous avez une très forte exigence de vous-même). Vous pouvez aussi enregistrer une partie (avec l’accord des autres membres de la tablée) et évaluer une tranche de trente à soixante minutes de jeu : vous aurez une approximation de votre niveau.
Vous pourrez tracer un plan de progression pour trois à cinq sessions de jeu sur les compétences de MJ à travailler : inutiles de relire l’historique de l’univers si vous avez besoin de travailler sur la caractérisation de PNJ ou le temps de parole de chacune et chacun.
Imaginez-vous, à présent dans trois mois, une fois que vous aurez réussi à travailler la manière de caractériser les PNJ (ces trucs qui vous manquaient) : vos parties vont être encore plus passionnantes… Et vous plus tranquilles.
La suite de la série : Lire des articles suffit-il à ameliorer sa maitrise de jdr
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